édITorial 84
À la fin des années 1980, nous avions animé un club de jeux de table, à destination de nos élèves et de nos collègues, dans la ville dans laquelle nous résidions et enseignions au Maroc. Nous étions alors lecteurs réguliers de l’excellente revue Jeux et Stratégie, et c’est dans l’un des numéros de celle-ci que nous avons trouvé un jour un article parlant d’un jeu d’un nouveau type, participatif, du nom de Donjons et Dragons. À peine étions-nous rentrés en France, en 1980, que nous nous en procurions un exemplaire, dont je crois qu’il était encore en anglais, et dès lors je me métamorphosais en cet être bizarre, ce deus ex machina, ce démiurge qu’on appelle « un maître du donjon », et pendant plusieurs années, notre salon devint, deux fois par mois, et pour le week-end, un lieu de quête, de recherche, d’affrontement ou cohabitaient nains, voleurs, guerriers, elfes, prêtres et où naquirent quelques religions étrangères. Je venais alors de terminer la rédaction de plusieurs des romans, que j’allais publier par la suite, comme une Planète pour Copponi ou le cycle du Sommeil des Dieux. Jeu de rôle d’un côté, science-fiction de l’autre, je trouvais alors que cela se complétait plutôt bien. Aussi, quand Jean-Guillaume Lanuque vint me proposer un projet de dossier sur le thème « jeu de rôle et science-fiction » ne pouvais-je qu’approuver. Et cela d’autant mieux que les pages de Galaxies s’étaient déjà ouvertes depuis plusieurs numéros au genre avec la rubrique tenue par Ugo Bellagamba et Giulio Cesare Giorgini. En effet, la science-fiction, au-delà de sa déclinaison classique, en littérature, en bandes dessinées, au cinéma , ainsi que l’illustrent dans chaque numéro, les rubriques régulières tenues par Jean-Pierre Andrevon, Fabrice Leduc et Dounia Charaf, existe encore sur d’autres supports parfois moins évidents ou moins connus. Nous avons ouvert déjà cette année une large place au théâtre de science-fiction pour lequel nous avons d’ailleurs créé avec Ugo Bellagamba, le prix Aristophane qui en a été cette année à sa sixième édition, la récompense, étant remise lors de la 50e Convention nationale française de science-fiction, qui a eu lieu en août 2023. Mais il y avait encore les jeux de rôle.
Bien sûr, qui dit jeu de rôle ne dit pas forcément science-fiction, on peut aussi avoir des jeux de rôle policiers, des jeux de rôle de fantaisie ou de fantastique et les univers dérivés de celui de Tolkien ont été les premiers initiateurs de Donjons et Dragons, justement. Mais rien n’interdit de concevoir des jeux de rôle de pure science-fiction : on peut très bien s’imaginer et se projeter dans un univers de Space ou de planète opéra ou dans un univers de médecine fiction. Tout cela existe et cela n’enlève rien à la science-fiction, bien au contraire. alors je vous invite à vous emparer de ce dossier,, à lire les nouvelles qu’ont écrit trois rôlistes pour l’illustrer et à vous y essayer un jour : vous verrez à quel point cela peut être jouissif et libérateur.
Galaxies, bien sûr vous offre aussi son lot de nouvelles, parmi lesquels un sort particulier est à faire à celle des Oldie, nos deux auteurs ukrainiens, dont nous publions, sous la houlette de Patrice Lajoye, une nouvelle dans nos chroniques d’Ukraine, partagés entre le plaisir de les retrouver et la tristesse de voir se continuer ce conflit horrible et meurtrier. Et puis les nouvelles habituelles à découvrir : Samsara de Julien Deslangle, deuxième prix au concours le Bussy 2023, un texte qui entraîne et qui interpelle et qui comme tous les textes du palmarès du le Bussy n’est pas là par hasard. Une nouvelle autrice – amenée par Pierre Alexandre Sicard – qui nous vient du monde du blues puisqu’il s’agit de Janis Ian, à la discographie impressionnante et dont les musiques ont été reprises par de nombreux auteurs interprètes français. Mais ici c’est bien de science-fiction qu’il s’agit, un texte maîtrisé, et l’on doit à Mike Resnick des remerciements pour l’avoir poussée à s’exprimer aussi dans notre genre. Deux autres nouvelles : Louise Sbretana dans un texte à la chute surprenante et « Lorsque l’enfant paraît » du Dr. Shantala, une autrice indienne dont le texte annonce pour l’an prochain un dossier consacré à l’abondante et riche science-fiction de ce pays.
Et puis bien sûr les rubriques : découvrez les dernières parutions en librairie, le rayon BD et le cinéma dans nous parlions plus haut. Bref, je m’en voudrais de vous retenir encore et de vous empêcher de découvrir Galaxies 84, nouvel opus de notre série.
Bonne lecture
Pierre Gévart
25 août 2023
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